Lutte contre le paludisme au Bénin : Un Caucus parlementaire pour renforcer l’action politique et budgétaire

En vue d’éradiquer le paludisme au Bénin, le Caucus des parlementaires béninois pour l’élimination du paludisme a été officiellement lancé le lundi 23 juin 2025 à Cotonou, à l’occasion d’un atelier stratégique. À l’issue des travaux, le règlement intérieur et le plan d’action triennal 2025-2028 de ce nouveau cadre d’engagement politique ont été adoptés.

Organisé avec l’appui de Speak Up Africa, cet atelier a permis de dresser l’état des lieux de la lutte contre le paludisme au Bénin. Pour Constant Nahum, coordonnateur du Réseau parlementaire pour l’élimination du paludisme, il était impératif d’analyser la situation épidémiologique actuelle, d’identifier les besoins non satisfaits, notamment en matière de santé communautaire, de couverture santé via le dispositif ARCH, ou encore de vaccination, et d’explorer des pistes de financement innovantes, y compris auprès du secteur privé.

Fara Ndiaye, directrice exécutive de Speak Up Africa, a rappelé l’ampleur du défi. « Le Bénin fait partie des vingt pays qui concentrent plus de 85 % de la charge mondiale du paludisme », a-t-elle indiqué. Elle a cependant salué les efforts déjà engagés, comme la création du Fonds Zéro Palu en 2023, l’augmentation notable du budget alloué à la lutte contre la maladie (+130 % en 2022) et l’introduction du vaccin antipaludique. Selon elle, l’implication des parlementaires est aujourd’hui cruciale pour garantir un suivi budgétaire rigoureux et favoriser l’adoption de politiques publiques durables.

Cette vision a été partagée par le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Bénin, Dr Jean Konan Kouame, qui a souligné la nécessité d’un engagement politique fort. Pour lui, le rôle des députés va bien au-delà du plaidoyer. Il s’agit d’assurer la transparence dans le financement, de veiller à l’allocation durable des ressources et de jouer un rôle actif dans la sensibilisation des populations.

Le ministre de la Santé, quant à lui, n’a pas manqué de rappeler la gravité de la situation. D’après les données du rapport mondial sur le paludisme 2024, 263 millions de cas ont été enregistrés l’année dernière dans le monde, causant 590 000 décès, dont 95 % en Afrique. Le Bénin reste particulièrement touché, avec des répercussions majeures sur le système de santé, l’économie nationale et la réussite scolaire des enfants. Pour Benjamin Hounkpatin, le lancement du Caucus marque une avancée institutionnelle majeure, appelant à une mobilisation collective.

Le vice-président de l’Assemblée nationale, Barthélémy Kassa, représentant le président Louis Gbèhounou Vlavonou, a réaffirmé l’engagement du Parlement à inscrire la lutte contre le paludisme au cœur de son agenda. Le Caucus entend désormais mettre en œuvre son plan d’action à travers des propositions de lois, des campagnes de sensibilisation sur le terrain et un dialogue renforcé avec les acteurs du secteur de la santé.

Brunelle Tchobo